jeudi 22 août 2013

ANECDOTES PRÉSIDENTIELLES

Les meilleures anecdotes qui ont couru sur les présidents de la IIIe République.

ADOLPHE THIERS

- M. Thiers, disait le sculpteur Préault, qui avait la dent dure, c'est M. Prudhomme au zénith.

Peu d'hommes furent aussi chansonnés, caricaturés, moqués, et peu, malgré tout, restèrent aussi populaires. A sa mort circulait cette cruelle épitaphe : 


On dit depuis qu'il est mort 
Pour glorifier sa mémoire : 
Ci-gît celui qui vient encore
De délivrer le territoire ! 
Il avait une grande bonhomie, que d'aucuns prétendaient fausse, mais qui plaisait. 
Dès cette première présidence naît la légende d'économie, disons nettement le mot : d'avarice, qui va peser sur tant d'hôtes successifs de l'Elysée. Auguste Villemot conte qu'à un déjeuner offert au prince Gortchakoff, ambassadeur de Russie, comme, au dessert, Thiers allongeait le bras pour saisir, sur une assiette, une poire, Mme Thiers l'arrêta : 
- Adolphe ! Adolphe ! tu sais bien que la grosse est pour ce soir ! 
En 1875, Thiers, souffrant, dut aller se reposer sur la Côte d'Azur ; il chargea son ami Saint-Hilaire de lui trouver un hôtel. Saint-Hilaire obtint des prix très doux et, cependant, il confia à Mme Juliette Adam : 
- Vous verrez qu'"Elle" trouvera encore cela trop cher ! 
LE MARÉCHAL DE MAC-MAHON
Les mots de Mac-Mahon sont restés célèbres. Il faut ajouter qu'ils sont pour la plupart, apocryphes, ou du moins très arrangés, tel celui devant les inondations de Toulouse : "Que d'eau ! Que d'eau !"
Il en est beaucoup d'autres, moins populaires. Passant à Lisieux, il était harangué par un vénérable ecclésiastique : 
- Quel âge avez-vous donc, monsieur le curé ? demanda le président, aimablement. 
- Quatre-vingt-quinze ans.
Alors, se tournant vers son officier d'ordonnance, avec admiration : 
- Magnifique ! Quatre-vingt-quinze ans, et pas encore mort ! 
Un matin, il demandait au secrétaire général de l'Elysée, le vicomte d'Harcourt : 
- Quelle heure est-il, mon ami ? 
- Il est 11 h 10, monsieur le Maréchal. 
- Ce d'Harcourt ! il sait tout ! 
On lui présentait le capitaine Wolff, qui venait de traverser la Manche à la nage. Il le félicita chaleureusement : 
- Ça a dû être dur, capitaine, hein ! hein ! surtout dans les montées ! 
En vérité, la plupart de ces "mac-mahonneries" furent inventées de toutes pièces par les chroniqueurs de l'opposition, ravis de déconsidérer le vieux soldat. 
La maréchale de Mac-Mahon fut, par contre, toujours épargnée par les polémistes. C'est qu'elle avait autant d'esprit que de bonté. Un vieil officier de troupe, chargé de lui présenter une délégation de son régiment, pataugeait, bafouillait, bredouillait, puis s'exclamait : 
- Ah ! c'est malheureux ! Je savais si bien mon histoire tout à l'heure dans l'escalier ! 
- Eh bien ! capitaine, fit en souriant la maréchale. Donnez-moi votre bras et allons-y ! 
JULES GREVY
De nouveau, l'esprit parcimonieux de la présidence alimenta les rubriques d'échos et les chansons des cabarets.
La bonne Mme Grévy, de vieille souche paysanne, était assurément facile à caricaturer. Elle descendait tous les matins donner à manger aux canards de l'Elysée, veillait elle-même au bon état des flanelles du président et vérifiait chaque jour les notes de la cuisinière. 
Mistral vint à Paris pendant la première présidence de Jules Grévy. Le président l'invita à déjeuner. Le poète se trouva tout naturellement à la droite de Mme Grévy, qui voulut le mettre, dès l'abord, à l'aise et, entama la conversation en lui demandant : 
- Vous êtes du Midi, je crois, monsieur Mistral ? 
Jules Grévy n'eût pas témoigné d'aussi grande candeur, car il avait des lettres.
Mais Mme Grévy était coutumière, elle, de ces énormes naïvetés. Lorsque le prince de Galles, en 1884, fut reçu à l'Elysée, Mme Grévy, l'entretien terminé, dit au président : 
- Jules, reconduis donc Monsieur ! 
Au cours de l'hiver de 1886-87, Jules Grévy demanda à son jardinier chef de chasser les corbeaux qui, disait-il, salissaient les gazons. Le jardinier, ami des bêtes, résista longtemps, puis céda devant un ordre formel et détruisit les nids. Toute la journée, les corbeaux tournoyèrent au-dessus de l'Elysée en poussant des croassements de malédiction. C'était sinistre. Grévy eut une angoisse.
- J'ai eu tort. Ils me porteront malheur ! 
Cinq mois plus tard éclatait le scandale Wilson, qui a été longuement raconté : Grévy, compromis, démissionnait.
"Les chansonniers de l'époque n'eurent garde de manquer une si belle occasion, raconte Huguette Boussaud, et les Parisiens chantèrent : Ah ! quel malheur d'avoir un gendre ! ou Les lamentations d'un beau-père, pendant que le Gaulois, journal grave s'il en était pourtant, publiait en première page cette annonce : 
A céder 
Après fortune faite 
un fonds de président de la République 
dans quartier riche 
Maison fondée en 1879 
au coin de l'avenue Gabriel. 
SADI CARNOT
Le nouveau chef de l'Etat devait être relativement peu chansonné, mais, par contre, abondamment caricaturé. C'est Caran d'Ache qui lança le Carnot en bois qui allait reparaître pendant six ans dans tant de dessins et qui était, il faut bien le dire, fort amusant.
En 1886, le philosophe Gustave Le Bon, revenant des Indes, faisait don à son ami Carnot d'une idole de pierre venant du Népal : 
- Elle passe pour assurer le pouvoir à la famille dans laquelle elle entre, mais aussi pour lui attirer des morts violentes. 
Le soir de l'élection de son mari, Mme Carnot écrivit au savant : "J'ai peur." 
Rien de plus, mais Gustave Le Bon comprit.
Barrès contait un mot du préfet du Rhône, quelques heures avant l'arrivée du président : 
- Je viens, disait le préfet M. Rivaud, de réorganiser ma police entièrement. Il n'y en a pas une dans toute la France qui la vaille. 
- Touchez du bois, Rivaud ! dit superstitieusement Barrès.
CASIMIR-PERIER
La courte présidence de Casimir-Perier ne lui épargna pas les attaques.
Dès le premier jour, les socialistes l'injurièrent avec fureur. Le Chambard, de Gérault-Richard, alla si loin que le président le traduisit en cour d'assises. Jaurès plaida pour Gérault. A un moment, il évoqua Mandrin : 
- Vous ne pouvez tout de même pas comparer M. Casimir-Perier à Mandrin ? observa le président des assises.
- Je ne compare pas, en effet, dit Jaurès. Je mets Casimir-Perier, très au-dessous.
Casimir-Perier aimait les arts. Il était l'ami de Corot. Un jour, il lui demanda une toile : 
- Volontiers, dit Corot, à condition que vous ne me la paierez pas...
- Mais...
- Non. Vous paierez les notes de boucher et de boulanger de mon ami Millet.
Quand on présenta les notes au président, il y en avait pour 3 350 euros (22 000 francs de l'époque) d'une part, 3 580 euros de l'autre (23 500 francs de l'époque). Le crédit ouvert au peintre de l’Angélus remontait à treize ans. Casimir-Perier paya sans sourciller.
FELIX FAURE
C'est par son extraordinaire vanité que Félix Faure donna prise aux railleurs. L'anecdote la plus connue met en scène son vieil ami Etienne, le député d'Algérie, qui venait le féliciter après son élection : 
- Je te complimente...
Félix Faure l'interrompit : 
- N'oubliez pas, mon cher ami, qu'on ne tutoie pas le chef de l'Etat. 
Etienne ne resta interloqué qu'un instant : 
- Tu me permets de te tutoyer une dernière fois ?
- Allez ! fit le président.
- Eh bien, je te dis : merde !
Mme Félix Faure reprit, dans les chroniquettes, la place exacte qu'y avait, tenue Mme Jules Grévy. Elle était restée très provinciale, et on s'en apercevait. Comme un jour on lui faisait observer discrètement qu'elle avait tort de ne pas donner à l'ambassadeur d'Espagne son nom entier : M. Fernan-Numez : 
- Mais, dit-elle, je ne le connais pas assez pour l'appeler par son prénom ! 
En vérité, ce fut surtout la fille du président, Mlle Lucie Félix-Faure, celle qu'on appelait "la Grande Mademoiselle", plus tard Mme Félix-Faure-Goyau, qui dirigea l'Elysée pendant le septennat de l'ancien tanneur.
"Il était dit que les femmes qu'il avait tant aimées devaient assurer la perte de "Félix le Bel", raconte encore Mme H. Boussaud ; un soir tragique de février 1899, après avoir dû couper les cheveux de Mme Steinhel, sa maîtresse, dans lesquels les doigts du mourant frappe d'apoplexie, s'étaient crispés, on remonta en hâte le moribond sur son lit de fer au premier étage pendant qu'un valet de chambre sortait en courant pour chercher un prêtre. Le hasard permit qu'il en passât justement un qui regagnait sa cure. 
- Oh ! venez vite, monsieur l'abbé. C'est Dieu qui vous envoie ! s'écria le valet effaré. Le président est au plus mal. 
- A-t-il encore sa connaissance ? demanda l'homme d'Eglise en franchissant précipitamment le portail. 
- Non, on l'a fait sortir par la porte de derrière...
EMILE LOUBET 
Quand Félix Faure disparut, Clemenceau écrivit dans l'Aurore : 
"Ce n'est pas un homme de moins, ce n'est qu'une place de plus."
Emile Loubet l'occupa, cette place, très dignement. Il eut une présidence agitée par les remous de l'affaire Dreyfus (on se souvient peut-être qu'en juin 1899, au Grand Prix d'Auteuil, il était frappé à coups de canne par un militant d'extrême-droite, le baron Christiani) ; mais il fut moins chansonné que ses prédécesseurs. On lui prêta même quelques mots assez jolis ; en 1905, par exemple, quand une bombe fut jetée sur sa voiture, qui traversait la rue de Rivoli, et où il était avec le roi d'Espagne Alphonse XIII, il se serait tourné vers le roi, en lui disant avec calme : 
- Je crois qu'on veut nous faire peur ! 
Tout au plus ironisa-t-on parfois sur sa pruderie. On contait notamment que, lorsqu'il rendit visite à Edouard VII, à Londres, le roi recommanda de ne point mettre dans ses appartements d'ouvrages légers. On le dit à M. Loubet qui, connaissant la réputation qu'on lui faisait, sourit et se contenta de dire : 
- Le roi a eu raison ; à mon âge, on ne relit point ! 
Il avait une exquise bonhomie. A je ne sais quelle fête d'étudiants, on ne retrouva plus, au vestiaire, sa pelisse. Les organisateurs de la fête se confondaient en excuses : 
- Ne vous mettez pas en peine, dit-il aimablement. Je la reprendrai l'année prochaine ! 
ARMAND FALLIÈRES
Par contre, avec Armand Fallières, les plaisanteries reprirent de plus belle. On prétendit que, inaugurant une exposition de Rodin, il avait dit au grand sculpteur  en considérant les torses, les têtes, les mains épars : 
- Vous n'avez vraiment pas eu de chance, mon cher maître !... Avec ces déménageurs !...
Il disait au peintre Sisley, qui allait le guider : 
- Allez ! allez ! Je vous suis les yeux fermés ! 
Mme Fallières n'était guère moins moquée. L'Assistance publique s'étant plainte de ne plus recevoir pour ses hôpitaux le gibier tué à Rambouillet, une enquête révéla que les fonctionnaires chargés des expéditions vendaient ledit gibier. 
Grandissime indignation de Mme Fallières : 
- Vous comprenez bien que si l'on pouvait vendre ce gibier, nous le vendrions aussi bien nous-mêmes ! 
RAYMOND POINCARÉ
Au "Grand Lorrain", ses ennemis ne pouvaient guère reprocher que son extraordinaire goût du travail, sa peur des responsabilités ("Il court s'abstenir.") et un esprit peut-être exagérément juridique. On prête à Clemenceau maints traits féroces contre lui. 
- Il sait très bien ce qu'il ne veut pas. Il ne sait pas du tout ce qu'il veut. 
- Poincaré ?... Une âme de lapin dans une peau de tambour ! 
- Poincaré sait tout et ne comprend rien. Briand ne sait rien et comprend tout. 
On demandait à Philippe Berthelot : 
- Votre Poincaré est-il vraiment un si grand homme ? 
- La perfection même, mais rien de plus ! 
PAUL DESCHANEL
Sinistre aventure : toute sa vie, Paul Deschanel avait eu les yeux fixés sur l'Elysée. Il y entre, et le Destin aussitôt l'abat. Dans un des rares moments de lucidité qu'il eut après son "accident", il disait à Briand : 
- Molière a beaucoup raillé les médecins de son temps ; pour les médecins du nôtre, il faudrait Shakespeare ! 
Quand on rapporta à Clemenceau, à qui Deschanel avait enlevé de haute lutte la présidence de la République, que son heureux rival était tombé d'un train : 
- Ça devait finir comme ça, fit le Tigre. M. Deschanel a toujours été pressé d'arriver. 
"Après avoir lutté avec toute son énergie contre la nuit qui s'emparait de lui, dit Mme Boussaud, le mal empira. Il alla se reposer à Rambouillet ; un matin, à l'aube, un employé du château qui pêchait à la ligne, relevait une tanche, lorsqu'il vit avec stupeur le président qui lui avait parlé un moment auparavant, au beau milieu du canal, peu profond à cet endroit, et qui ne semblait se rendre compte en aucune façon de la situation étrange dans laquelle il se trouvait. L'alarme fut donnée, et le 21 septembre, Paul Deschanel se démettait de ses fonctions."
ALEXANDRE MILLERAND
La gravité d'Alexandre Millerand portait peu à la plaisanterie. Tout au plus ironisa-t-on sur une puissance de travail qui égalait celle de Raymond Poincaré. 
- Il lit dès qu'il a un instant de libre, contait, par exemple, un de ses chefs de cabinet. Dans ses w.-c., il y a une planchette avec le gros Larousse en dix-sept volumes. Il en lit une page ou deux chaque jour...
GASTON DOUMERGUE
Il fut remplacé par Gaston Doumergue, dont le sourire bon enfant fit merveille et apaisa les passions. Le soir de son élection, comme le nouveau président, revenant de Versailles, descendait les Champs-Elysées au milieu des acclamations, une ou deux voix crièrent : 
- Vive Millerand ! 
- Dire qu'il y a encore des gens qui ne lisent pas les journaux ! fit avec bonne humeur Gaston Doumergue.
Quelqu'un, peu après, lui disait, faisant allusion à sa parfaite réussite : 
- Toute la France est avec vous, monsieur le Président. 
Il interrompit, modestement : 
- Dites plutôt que c'est moi qui suis avec toute la France : ce sera, je vous assure, beaucoup plus vrai.
On lui demandait s'il continuait à jouer au bridge, un jeu qu'il avait beaucoup aimé : 
- non, non, fit-il. Où je suis, je ne peux plus faire que des réussites ! 
On lui parlait avec inquiétude des divisions qui opposaient les Français : 
- Bah ! dit-il. Dans le meilleur ménage que je connaisse, le mari prend le matin du café au lait et la femme du chocolat. Nos divisions, au fond, ne vont pas plus loin.
PAUL DOUMER
Le soir de son élection, Paul Doumer montra à quelques intimes réunis à sa table une lettre datant de l'époque où il était au collège de Remiremont, lettre d'un inspecteur général, et disant : 

"Mon cher professeur, étant donné que vous venez d'échouer à votre licence pour la huitième fois, je crois qu'il vaudrait mieux que vous cherchiez votre voie en dehors de l'enseignement..." 

Sautons un demi-siècle à pieds joints. 
Le jour où il se rendit à la vente des Écrivains combattants, où il allait être tué, Paul Doumer avait à sa table André Tardieu, qui lui demandait d'intervenir à la chancellerie de la Légion d'honneur pour la cravate d'un de nos plus grands savants : 
- Je vais faire la lettre pendant que vous prendrez votre café, dit le président.
- Oh ! cela ne presse tout de même pas à ce point ! protesta en riant Tardieu. 
Alors, Paul Doumer : 
- On ne sait jamais. Je peux mourir demain, qui sait même dans une heure ! 
Et il se mit à son bureau.
ALBERT LEBRUN

Albert Lebrun a connu des heures assez tragiques pour qu'on ne soit pas tenté de rappeler les mille et une petites plaisanteries qui égayèrent ses huit années élyséennes.
Nous ne conterons qu'une anecdote, nullement irrévérencieuse. Quand Paul Doumer fut élu président, les voix qui ne lui furent pas acquises s'éparpillèrent ainsi : 401 à Aristide Briand, 15 à Jean Hennessy, 10 à Marcel Cachin, 4 à Albert Lebrun.
- C'est la deuxième fois que tu es le dernier de ta classe, fit un vieil ami. Te rappelles-tu ? Tu es entré dernier à Polytechnique ; deux ans après, tu en sortais premier. Combien te faudra-t-il cette fois ?
- Au moins sept ans, fit en riant Albert Lebrun. 
- Qui sait ? risqua son ami. 
Et en effet, moins d'un an plus tard...
C'est au tour de M. Vincent Auriol d'entrer dans l'histoire. On lui a prêté assurément maints bons mots - en plus de ceux qu'il a prononcés.
A vous de poursuivre la recherche de ces anecdotes présidentielles... dans vos livres, journaux, et archives sonores désormais. 

lundi 12 août 2013

VINGT FOIS SUR LE MÉTIER, REMETTEZ VOTRE OUVRAGE

On demandait à un montagnard des Pyrénées combien de temps il fallait pour gravir un des plus hauts sommets de la chaîne. Il répondit : "Huit heures, si vous vous pressez ; six heures, si vous ne vous pressez pas."

Faisons l'application de cette parole aux choses de la vie.

Vous tous qui courez anxieux et haletants vers l'objet de vos rêves, qui caressez l'espoir d'un succès rapide et prochain, qui voyez se dresser devant vous, au lointain, chimère ou réalité, le but suprême de vos efforts, écoutez la parole du sage : "Hâtez-vous lentement." Vous vous précipitez sans avoir d'abord calculé votre force de résistance, sans avoir pesé vos ressources, sans avoir tout disposé, tout prévu : il vous faudra bientôt vous arrêter sur la montée abrupte pour reprendre haleine, revenir sur vos pas pour compléter ou renouveler votre bagage. Vous vous fatiguez en démarches inutiles et, pour avoir trop accéléré vos mouvements ou pour les avoir eux désordonnés et incohérents, vous voilà ramenés en arrière, obligés de tout recommencer, si vous voulez arriver. Vous ressemblez au voyageur imprudent qui veut gravir la montagne et croit en atteindre la cime avant la nuit et qui, ayant gaspillé ses forces et ses provisions dès les premières heures de sa course, se laisse tomber épuisé sur le chemin et perd tout espoir d'atteindre le but.

Que n'a-t-il suivi, ce voyageur, le sage conseil du montagnard qu'il questionna le matin, à l'heure où il était encore tout frais et dispos, sur le temps qu'il fallait pour arriver au sommet ? "Huit heures, lui avait répondu le rustaud, si vous vous pressez ; six heures, si vous ne vous pressez pas." Notre homme ne se doutait certainement pas que, par ces mots, il esquissait toute la philosophie de la vie, qu'il fixait la règle absolue de tout travail et la condition de tout succès. Toute la conduite de l'homme est, en effet, en la dépendance de cet esprit d'ordre et de méthode qui fait la science, qui prépare les belles œuvres  qui amène le progrès et rend possibles tous les perfectionnements.
Ne vous pressez pas, parents trop impatients de voir vos enfants couronnés, applaudis, flattés ; si vous demandez trop à leur puissance de travail, vous allez compromettre les forces vives de leur esprit et en retarder le complet épanouissement. 

- Hâtez-vous lentement, écoliers étourdis, qui perdez d'abord les meilleures heures de votre journée, et bientôt les meilleures années de votre vie, en émiettant vos forces ou en les dispersant sur mille objets divers, au lieu de les concentrer sur un dessein nettement déterminé.
Écrivains  artistes, qui voulez réaliser l'idéal entrevu, prenez votre temps, ayez un égal souci de l'ensemble et du détail, et ne laissez rien d'ébauché, rien d'inachevé derrière vous : le meilleur de votre vie se passerait en retouches, et vous n'auriez que déceptions. 

- Vous mettez trop de hâte à vous décider, trop de fougue à poursuivre vos projets, trop de vivacité à en escompter les résultats, trop de promptitude à engager votre conscience et votre honneur, hommes qui avez en mains les intérêts les plus graves, qui avez à résoudre les plus hauts et les plus délicats problèmes de la vie privée ou publique. Vous manquez de pondération, de mesure, de sang-froid et, par l'impatience que vous avez d'aboutir, vous n'élevez rien de définitif, rien de durable : votre activité n'est qu'un incessant retour vers vos premiers essais. 

- Penseurs, intellectuels, qui tendez aux conclusions certaines et irrévocables, allez avec mille précautions à travers les écueils de vos doctrines, méfiez-vous de vos propres sophismes et ne cédez jamais à l'attrait d'une vérité facile, le plus souvent décevante et sans portée ; vous auriez à tisser et retisser sans cesse la trame de vos pensées, sans issue possible.
A tous, tant que nous sommes, petits ou grands, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, la sagesse dit : "Avance sans précipitation, travaille sans hâte" ; mais elle nous dit aussi : "Ne t'arrête pas un instant." Elle dit vrai et c'est notre cause qu'elle défend. Quoi que nous fassions pour la remplir, la vie poursuit son cours rapide et toujours égal. Où est l'insensé qui la regarderait passer insouciant et distrait ? Le montagnard a raison : le sommet à atteindre se dessine largement devant nous ; marchons-y sans hésitation et sans faiblesse et sans nous attarder aux choses qui ne méritent pas d'attirer notre attention.

"Paris ne s'est pas fait en un jour."

jeudi 8 août 2013

La beauté...

«Il n'existe aucun produit de beauté aussi efficace que la joie.»


- Maria Mitchell -

En l'honneur de ce qui eut été, lors du 1er août dernier, le 195e anniversaire de naissance de Maria Mitchell


Petite biographie de l'auteur:

- Née le 1er août 1818 à Nantucket, aux États-Unis, et morte le 28 juin 1889 à Lynn, aux États-Unis

- La première femme américaine à exercer le métier d'astronome professionnielle, elle découvrit une comète qui sera nommée « Miss Mitchell's Comet » en son honneur

- Elle est inscrite au « National Women's Hall of Fame », de même qu'au       « Hall of Fame for Great Americans »

Pour lire une biographie complète, allez au: Maria Mitchell Wikipédia

lundi 5 août 2013

La pratique...

« Pratiquez ce que vous savez, et cela aidera à clarifier ce que vous ne savez pas. »


- Rembrandt van Rijn -

En l'honneur de ce qui eut été, lors du 15 juillet dernier, le 407e anniversaire de naissance du grand peintre qu'a été Rembrandt van Rijn.



Petite biographie de l'auteur:

- Né le 15 juillet 1606 à Leyde, au Pays-Bas, et mort le 4 octobre 1669 à Amsterdam, au Pays-Bas

- Considéré comme l'un des plus grands peintres de l'histoire de l'art baroque européen, il vécut pendant l'époque que les historiens appellent le siècle d'or néerlandais

- Durant sa vie, il réalisa près de 400 peintures, en plus de réaliser 300 eaux fortes et 300 dessins

Pour lire une biographie complète, allez au: Rembrandt van Rijn Wikipédia

vendredi 2 août 2013

VOLE LA BALLE

Force, détente, vitesse sont les qualités indispensables pour accéder aux équipes nationales et internationales de volley-ball, mais ce sport, sport-distraction par excellence, est surtout un jeu populaire et l'été sur toutes les plages. Après tout, qu'est-ce que le sport ? N'est-ce pas d'abord un moyen de se distraire ? Alors, dans ce cas-là, il n'y a pas de doute, le volley-ball est bien le sport-distraction par excellence. Expliquons-nous. 

D'une part, un bon sauteur en hauteur ou à la perche , un décathlonien deviendraient facilement de bons volleyeurs, pour peu qu'ils ne soient pas trop maladroits des mains. D'autre part, au sein même d'une équipe de volley-ball, il ne peut pas y avoir de spécialisation poussée, pour la bonne raison que les joueurs permutent continuellement dans le sens de rotation des aiguilles d'une montre. Ce qui n'empêche pas que certains joueurs, de par leur qualité physique, jouent mieux à l'avant qu'à l'arrière, et vice versa.
A l'échelon des compétitions internationales, un problème comparable à celui du basket apparaît et limite un peu le recrutement de ce sport : il faut mesurer au moins 1,80 m pour espérer devenir un "grand joueur". Plus d'un mètre quatre-vingts, mais moins d'un mètre quatre-vingt-quinze, car certains géants du basket, par exemple, seraient trop lourds, trop lents, et sans doute trop maladroits pour jouer au volley.
Ce sport, de plus en plus populaire l'été sur les plages, avec ses tournois à trois contre trois, ne connaît pas le même succès populaire d'octobre à mai, au moment des compétitions. Paris, Montpellier, Cannes, le Nord groupent à eux seuls plus de la moitié des pratiquants français. Ailleurs, il n'y a guère que des compétitions scolaires ou universitaires. La plupart des clubs sont composés d'étudiants.
Pourtant, le volley-ball n'est pas un sport cher ; il est encore plus facile d'y jouer qu'au football, et tous ces paradoxes de ce sport s'expliquent par le même fait : il est surtout pratiqué l'été par des sportifs qui veulent se distraire, mais qui, l'hiver, jouent à autre chose. Sport d'intellectuels, il ne pourra pas progresser si d'autres joueurs n'y viennent pas, car ces étudiants, à vingt-cinq ans, rangent leurs bouquins d'étude et leur équipement sportif, pour se consacrer entièrement à leur absorbant métier. Un petit détail, en passant : parfois certains sportifs, même amateurs, se font une situation grâce au sport ; eh bien, ce n'est pas le cas pour les volleyeurs, amateurs véritables et véritables "sportifs".
Ce manque de recrutement fait qu'il y a actuellement assez peu de joueurs réunissant les trois qualités nécessaires au bon volleyeur : force, détente, vitesse. Assez peu de joueurs, donc beaucoup de places à prendre, avis aux intéressés !

LES RÈGLES

Les équipes sont de six joueurs, qui changent de place avant chaque service à leur profit, par rotation. Il peut y avoir jusqu'à six remplaçants, qui complètent et peuvent entrer en jeu sur demande du capitaine, adressée à l'arbitre principal ou à son second. Les parties sont jouées comme au tennis, en trois "sets" gagnants. Gagne une manche le camp qui, le premier, marque quinze points avec - au moins - deux points d'avance ; faute de quoi l'on continue, jusqu'à ce que cet écart de deux points soit acquis.
Le jeu consiste à envoyer par-dessus le filet le ballon (300 g, 65 cm de circonférence) en le frappant avec les mains. Si le ballon touche terre chez l'adversaire, ou s'il est par lui expédié hors du terrain, l'équipe qui sert compte un point. Si c'est elle qui commet la faute, elle perd le service, et c'est dès lors l'autre camp qui a la faculté de compter des points. Seule marque, en effet, l'équipe qui sert.

Il y a faute :

- quand le service est manqué.
- quand un joueur touche le ballon deux fois de suite ;
- quand les joueurs d'une équipe touchent trois fois le ballon sans le renvoyer dans le camp adverse ;
- quand on laisse le ballon toucher terre dans son propre camp ;
- si on touche le filet ou si on passe la main au-dessus du filet avant de toucher le ballon ;
- si on lance le ballon hors du terrain ;
- si un arrière "smashe" ou "contre" dans la zone d'attaque.
Le volleu est un sport "nerveux". Ce n'est pas tant l'effort physique, moins intense, moins soutenu que dans les autres sports, que les dépenses d'influx nerveux qui fatigue. Il n'y a pas de contact homme à homme. Le terrain de jeux est le plus petit de tous les sports d'équipe. Les déplacements des joueurs sont très réduits, mais ceux de la balle aussi, si bien qu'elle va très vite d'un camp à l'autre, et qu'il n'est pas question de relâcher un seul instant son attention. C'est en ce sens qu'il faut se préparer, c'est ainsi que l'entraîneur de l'équipe de France, prépare ses joueurs.
L'entraînement comprend deux parties, en plus de la nécessaire mise en condition (footing, assouplissement deux heures tous les matins) :
- étude des gestes ou technique individuelle ;
- jeu collectif.

ETUDE DES GESTES

1) Il y a quatre sortes de services :
- balancier ;
- tennis, fort avec effet, la balle tourne ;
- tennis flottant sans effet, balle molle ; change de trajectoire ;
- simple ou avec "la main en cuiller".
Choisissez celui qui convient le mieux à votre gabarit ou à vos habitudes. Le "balancier", plus fatiguant que le "tennis", est adopté en général par les athlètes puissants. Le "tennis flottant", moins fatiguant, est sans doute actuellement le plus efficace, il passe presque à tous les coups, et la seule parade possible est la manchette.
2) Touche de balle : pour les passes et les réceptions de service, avec les deux mains. Il ne faut pas que la balle fasse du bruit, qu'elle "colle", tel est le grand principe, il faut toucher le ballon du bout des doigts et non pas avec la paume. La réception sur le poignet est permise mais manque de précision.
3) Attaque : il y a deux sortes de smashes :
- tennis : quand la balle est près du filet ;
- balancier : quand la balle est plus loin.
4) Défense :
- à deux mains : de moins en moins, car elle fait du bruit, et même quand elle est bien faite certains arbitres sifflent une faute.
- manchette : ce geste a été introduit et est pratiqué dans tous les pays de l'Est, c'est le meilleur système de défense actuel.
5) Le contre : c'est le premier barrage de la défense. Il se fait à un, deux ou trois joueurs. A un seul joueur quand l'adversaire smashe en première main, c'est-à-dire alors qu'il avait encore la possibilité de faire une passe à l'un de ses partenaires. A trois joueurs au milieu du filet. A deux, dans tous les autres cas.
L'entraînement se termine par deux ou trois sets (jeu collectif). Un set est consacré à la répétition des gestes individuels appris au début de la séance, du thème étudié (attaque sous un certain angle, manchettes, soutien du centre en défense, etc.) ; un ou deux autres sets sont joués ensuite normalement en respectant les règles.
Cet entraînement, il a été celui de l'équipe de France durant tout l'hiver dernier. Mais avec le printemps, puis l'été, la période des compétitions est revenue. Souhaitons que cette année, nos tricolores renouvellent leur performance.