samedi 13 juillet 2013

JE VIENS DE REVOIR "LE GUÉPARD"...


Qui, mieux que Luchino Visconti, était à même de transposer dans son intégralité l'oeuvre magnifique de Giuseppe Tomasi di lampedusa ? Pour mener à bien l'entreprise, il ne suffisait pas d'être un metteur en scène confirmé, l'auteur d' "Ossessionne", de "La Terre tremble" ou de "Senso", encore fallait-il avoir, du monde et de son avenir, une certaine vision. Beaucoup plus qu'un aristocrate de condition, il fallait être un aristocrate par nature.
Au printemps de 1860, alors que Garibaldi et ses "chemises rouges" chassent les Bourbons de Sicile et entreprennent l'unification italienne, le prince Salina (joué par Burt Lancaster) récite des rosaires au milieu de sa famille, par les tapisseries et les cuirs de Cordoue, derrière les volets clos de son palais doré.
Mais ce prince, bien qu'apparemment installé dans la tradition, n'est pas un prince traditionnel. Loin de reprocher à son jeune neveu, Tancrède (joué par Alain Delon), de mettre son courage et son ambition au service des troupes garibaldiennes, il l'approuve. Il l'approuve aussi de délaisser "ces guenons, filles de cousins germains", produits d'une noblesse décadente, et d'épouser une roturière, assez vulgaire, mais sensuelle, appétissante et fortunée (Claudia Cardinale).  Sollicité par la nouvelle élue, il va même jusqu'à lui consacrer la dernière valse de sa vie.
Par l'évocation de l'espoir et de la fuite du temps, de la jeunesse et de la mort, l'oeuvre de Visconti apparaît comme un hymne à la vie. Mais c'est surtout une réflexion sur le sens de l'Histoire et sur les mutations inéluctables de la Société. L'aristocratie disparaît et, avec elle, le sens de la beauté, du raffinement, de la grandeur. C'est l'heure des masses, l'heure où les guépards doivent s'effacer. Mais, et l'on retrouve ici la dialectique viscontienne, le prince Salina comprend qu'en refusant l'évolution les gens de sa race courent à leur perte, qu'ils ne peuvent finalement trouver le salut que dans une acceptation de l'avenir et du triomphe apparent des valeurs nouvelles.
Cela, c'est le fond de l'oeuvre de Visconti, mais il y a aussi la forme, l'extraordinaire beauté plastique. Chaque plan est un chef-d'oeuvre dans la composition. On y retrouve la somptuosité, l'élégance de certaines toiles de Goya, la fraîcheur, les couleurs de Fra Angelico. Et puis, les longs travelling, les vues panoramiques et, d'une manière générale, l'ampleur des mouvements de caméra, qui ajoutent encore à la densité, à la noblesse de l'oeuvre. En même temps que l'expression d'une pensée, le "Guépard" est un grand spectacle qu'il faut absolument revoir.


LE GUÉPARD : EXTRAIT 1 (version restaurée)
LE GUÉPARD : EXTRAIT 2 (version restaurée)
LE GUÉPARD : EXTRAIT 3 (version restaurée)

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