RAFI PERETZ |
jeudi 14 février 2013
L'Assemblée a adopté...
mardi 12 février 2013
Pape et homosexualité, le sale engrenage Radzinger
méditons donc.
je traduis largement une enquête de Viviana Pizzi du site infiltrato.it : http://www.infiltrato.it/inchieste/italia/chiesa-e-omosessualita-tra-repressioni-proteste-e-suicidi-la-longa-manus-di-joseph-ratzinger
depuis 1998, sous le pontificat de Jean Paul II qui a Joseph Radzinger pour plus proche conseiller, la répression de l’homosexualité a connu quatre épisodes notoires. cela débute par le suicide de l’écrivain et ancien séminariste sicilien Alfredo Ormando.
revenons en 1981, Radzinger est nommé par le pape Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ministère, (ou dicastère pour parler romain), extrêmement en vue à un moment où nombre de voix progressistes se font entendre au sein de l’Eglise catholique. sa mission, « promouvoir et protéger la doctrine et des mœurs conformes à la foi dans tout le monde catholique », fait rapidement de lui le champion de la chasse aux théologiens de la libération, désormais officiellement réprouvés. dès l’année suivante l’Opus Deiobtient du Vatican ses statuts définitifs, entre autres de ne dépendre que du pape, L’expression intégriste la plus vigoureuse au sein de l’Église,comme le qualifie le théologien Hans Urs Von Balthazar, échappe ainsi aux accusations de secte. S’il parvient à museler les voix dissonantes à l’intérieur de sa chapelle, il n’entend pas non plus les autres Églises chrétiennes, et se montre rétif à tout effort œcuménique. je pense inutile d’aborder sa conception des autres religions...
c’est au cours d’un discours prononcé en décembre dernier devant la Curie Romaine qu’il lance son dernier anathème homophobe. s’inspirant directement des écrits du rabbinBernheim, Grand Rabbin de France, radicalement hostile au mariage pour tous, l’Église redit son grand « oui » à la dignité et à la beauté du mariage comme étant l'expression d'une alliance fidèle et féconde entre l'homme et la femme, le mariage homosexuel en portant atteinte à l’union naturellemenacerait autant la vérité que la paix. de son trône il invitait de la sorte les fidèles à se battre contre ce qu’il présentait comme une déviance contre nature. ce qu’il reprend et développe dans son message lu à l’occasion des Journées Mondiales de la Paix, le 1er janvier 2013 :
La structure naturelle du mariage doit être aussi reconnue et promue, c’est à dire l’union entre un homme et une femme, face aux tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes radicalement différentes d’unions qui, en réalité, la dénaturent et contribuent à la déstabiliser, éclipsant son caractère particulier et son rôle social irremplaçable... Cette action est d’autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, car cela constitue une offense faite à la vérité de la personne humaine, une grave blessure infligée à la justice et à la paix.
le dimanche 16 décembre 2012 une quinzaine de personnes se sont manifestées sur la Place Saint Pierre pendant l’angelus, ils entendaient protester contre l’homophobie vaticane en brandissant quelques pancartes indiquant : « Joseph, on t’aime » « homophobie=mort » « le mariage gay ne menace pas la paix. les armes oui ». ce qui a stupéfié le monde c’est la réaction de la police italienne associée aux gardes du Vatican. après confiscation musclée puis destruction de leur matériel de propagande, ils se sont vus conduits et retenus au poste, traités comme des terroristes pendant plus d’une heure, au prétexte d’avoir commis, aux yeux de l’Eglise, une abomination et non un simple flash mob. ce type de manifestation est fréquent mais c’est la première fois qu’il suscite une telle répression.
le 13 janvier 1998 : Alfredo Ormando s’immole par le feu sur la Place Saint Pierre pour protester de l’attitude de l’Eglise à l’égard des homosexuels. il meurt après 10 jours d’agonie, officiellement on donne à son geste des motifs familiaux. la date de sa mort est devenue Journée Mondiale pour le Dialogue entre les Religions et l’Homosexualité, son sacrifice aurait pu servir à quelque chose, mais le Vatican a toujours boudé ces rencontres sous l’efficace pression de Monseigneur Ratzinger..
le 03 août 2003 : nouvelle sortie choc du Cardinal-Préfet au nom de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), Les unions homosexuelles sont nocives pour le développement de la société, la tolérance du mal est très différente de sa légalisation. c’est que, arque boutée tant sur les Ecritures que sur l’Institution Romaine, la CDF prépare un arsenal argumentaire visant à contrer ce projet venu de Bruxelles qui tendrait à promouvoir le mariage pour tous en Europe.
dès lors la Curie ne se cache pas de faire pression directement sur le gouvernement italien face à un éventuel projet de légalisation, mais elle ne se prive pas d’adresser des messages clairs à tous les gouvernements. de même, partout en Europe, l’Eglise s’active à tous niveaux pour que, du paroissien de base au sommités dirigeantes, chacun s’arme contre la monstruosité à venir. la lutte n’a pas été facile pour les militants d’ARCIGAY, plus que tout autre présents sur ce front contre l'homophobie vaticane.
l’association des croyants gay Emmanuele déclare à propos du travail de la CDF quil n'a pas été créé à l'écoute de la personne, mais d'une réflexion détachée de toute référence à la vie, dogmatique et impérative. le résultat d'une théologie conservatrice qui prétend entrer dans les consciences des hommes et au sein du gouvernement. Il s'agit d'une régression par rapport à la grande liberté et ouverture du Concile Vatican II. Mais le peuple de Dieu prend maintenant une direction différente de cette théologie.
le 08 12 2008 : le Pape Benoît XVI s’est exprimé négativement au sujet de la proposition française à l’ONU de dépénaliser l’homosexualité, dans l’enceinte de l’Assemblée Monseigneur Migliore oppose le véto du Vatican en son nom. une manifestation LGBT spontanée se regroupe sur la Place Pie XII (frontière entre l’Italie et le Vatican) pour exiger leurs droits. Gay in Piazza est né. la manif évolue en sit in puis veillée aux chandelles au cours de laquelle sont commémorés les homosexuels qui dans 80 pays sont tués, torturés et emprisonnés du seul fait de ce qu’ils sont. la députée transgenre Vladimir Luxuria présenta un nœud coulant pour symboliser la fraternité internationale des gay, puis demanda une audience auprès du Pape qu’il n’a jamais obtenue, bien sûr.en 2008 neuf pays appliquaient la peine de mort à l'encontre des homosexuels.
le 14 décembre 2012 : le Pape reçoit et béni Rebecca Kadaga promotrice de la loi qui instituera la peine de mort pour les homosexuels en Ouganda. loin de s’émouvoir des réactions qu’il provoque, sa nouvelle amie semble l’inspirer quand trois jours plus tard il anathémise le principe de mariage entre personnes de même sexe.
voici un résumé de la carrière et un aperçu du profil de celui qu’on nous présente à l’envie depuis deux jours comme un très grand théologien, un humaniste doué d’une écoute extraordinaire. cet homme est une souffrance et une insulte permanente pour tous les homosexuels, croyants ou non. en 2013 six pays appliquent la peine de mort pour homosexualité réelle ou supposée, et dans plus de 60% l'homophobie a force de loi, et ailleurs nombreux sont ceux qui se sentent autorisés à y penser très fort. les prises de positions tranchées du premier des catholiques ne sont pas étrangères à cet état de fait.dimanche 10 février 2013
...Καίτη Μπελίντα "λατρεία μου"
λατρεία μου, ça veut dire "mon amour". dans quelque langue que ce soit, ce sont des mots que je souhaite à tous d'avoir prononcé un jour. en avoir connu le vertige, l'implicite abandon de soi qu'ils supposent. cet instant de transcendance qu'ils inscrivent dans une relation, ce "point phosphoreux où toute la réalité se retrouve, mais changée, métamorphosée, et par quoi ??? : un point de magique utilisation des choses." pour citer Artaud.
voilà que tous ces derniers jours, privé de mon amour, je me suis laissé absorber par le débat à l'Assemblée Nationale, de bruit de fond, l'émission est devenue le moment fort de mes journées. voir vivre, dans son cadre naturel rouge et or, cette petite communauté d'élus, donc de gens bien, s'imaginant débattre du droit des autres m'a positivement ravi. moi, jadis farouche opposant du mariage en tout genre, il m'a d'abord fallu déminer mes propres contradictions. assumer mon propre débat interne. dilemme vite résolu à l'écoute de l'argumentaire réactionnaire. en effet, le mariage ne fut qu'un prétexte, et très vite ces esprits supérieurs y substituèrent des termes repoussoirs : PMA, GPA comme autant d'alarmantes poupées vaudou toutes prêtes à nuire, chacune représentant, dans l'exposé, l'aboutissement dramatique du danger homosexuel. mais aussi le danger de la science, cette folie sur laquelle on s'appuie sans en rien maîtriser, et pire encore, dont les lois s'opposent diamétralement à celles de la Nature éternelle et matricielle si souvent invoquée ces jours-ci. le ridicule absolu de certains intervenants venant opportunément garantir le sérieux de leurs complices. comme au théâtre. affaire de dosage, la pièce fut bonne, de toute façon la fin était connue de tous.
cependant comme dans toute farce, il y a, par sa négation même, le point de vue tragique qui l'inspire. ce drame social dont émane son délire.
vu de mon coin, le fait de remettre en cause l'actuel cadre social ne me pose pas problème intellectuellement, même s'il en va parfois différemment au quotidien... mais le risque de l’émergence de l'affirmation homosexuelle dans les dogmes de la morale petite bourgeoise est patent. ce système patiemment élaborée des siècles durant sur des axiomes judéo-chrétiens arrangés et des classifications d'Ancien Régime, reprend à son compte le modèle de la Valeur Morale partagée garantissant l'aliénation des petits et interdisant l'émancipation des différences. l'argument qui fait du mariage pour tous le ralliement d'un groupe marginal à ces valeurs n'illusionnera qu'un temps les plus crédules. la revendication réelle est la visibilité sociale, la normalisation, la banalisation. il ne s'agit pas d'un phénomène de groupe mais d'un phénomène humain beaucoup plus ample qui induit de larges évolutions culturelles. il n'y a de ralliement qu'à l'individualisme qui est la revendication dominante depuis près d'un siècle. la liberté individuelle est une notion tellement neuve que le législateur lui court sans cesse derrière pour en imaginer des contours.
le mouvement s'accélère, la libération serait-elle proche? à en croire les argumentaires déroulées contre nous, cette proximité me semble devoir se compter sur des échelles de temps géologiques.
maintenant tango et instants de poésie pure :
ALPHONSE DE LAMARTINE
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Vous pourrez alors entendre une émission radiophonique consacrée au poète...
ALPHONSE DE LAMARTINE
Le poète est semblable aux oiseaux de passage
Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage,
Qui ne se posent point sur les rameaux des bois ;
Nonchalamment bercés sur le courant de l'onde,
Ils passent en chantant loin des bords ; et le monde
Ne connaît rien d'eux que leur voix.
Jamais aucune main sur la corde sonore
Ne guida dans ses jeux ma main novice encore ;
L'homme n'enseigne pas ce qu'inspire le ciel ;
Le ruisseau n'apprend pas à couler dans sa pente,
L'aigle à fendre les airs d'une aile indépendante,
L'abeille à composer son miel.
L'airain, retentissant dans sa haute demeure
Sous le marteau sacré tour à tour chante et pleure
Pour célébrer l'hymen, la naissance ou la mort ;
J'étais comme ce bronze épuré par la flamme,
Et chaque passion, en frappant sur mon âme,
En tirait un sublime accord.
(Nouvelles Méditations, 1828.)
***
Ces trois strophes font partie de la treizième [La cinquième dans l'édition définitive de 1849] des Nouvelles Méditations qui parurent en 1823 : Le poète mourant. La première ébauche de cette pièce remontait à 1817. A cette époque, Lamartine était vraiment malade. Il a plus tard repris ce thème et l'a développé. Il était de bon ton pour un poète d'être mourant. (La chute des feuilles et Le Poète mourant de Millevoye ont paru en 1811.) On aurait pu dire que la maladie était l'état naturel du poète, comme Pascal l'avait dit du chrétien. Donc le poète va mourir.
La coupe de mes jours s'est brisée encor pleine.
Mais il ne s'en afflige pas, car il ne tient pas à la vie, comme les autres hommes :
Pour moi, qui n'ai point pris racine sur la terre,
Je m'en vais sans effort, comme l'herbe légère
Qu'enlève le souffle du soir.
Viennent ensuite les vers qui nous sont proposés et auxquels nous bornerons notre commentaire.
1) Composition
Trois strophes, trois idées traduites par des images.
a) Le poète est un être à part, au-dessus de l'humanité ; il n'a point de demeure fixe ici-bas. Il passe indifférent au monde, qui ne le connaît que par ses chants. Lamartine le compare aux oiseaux de passage et la comparaison se poursuit pendant toute la strophe ; elle fait corps avec l'idée.
b) Nul n'a enseigné la poésie à Lamartine ; le poète chante d'instinct, il est inspiré par le ciel. Trois images, le ruisseau, l'aigle, l'abeille. La même idée sera reprise un peu plus loin,
Je chantais, mes amis, comme l'homme respire,
Comme l'oiseau gémit, comme le vent soupire,
Comme l'eau murmure en coulant.
c) Le poète chante ses joies et ses tristesses, les divers évènements de la vie : l'hymen, la naissance et la mort. Ici Lamartine commence par la comparaison qui se développe en une sorte de petit symbole : le poète est semblable à la cloche, dont le bronze est épuré par la flamme ; les passions qui l'inspirent doivent se dépouiller de tout ce qui est impur, brutal ou mesquin : il en tire des accords sublimes (élevés, célestes, éthérés).
2) Ce texte nous permet de définir la poésie romantique et le génie de Lamartine.
a) Ce qu'il y a de romantique dans ce passage, c'est d'abord la conception même de la poésie. Mais nous ne sommes encore qu'en 1823, et c'est Lamartine qui parle. La poésie est donnée comme l'expansion spontanée de l'âme : elle est personnelle, intime ; elle n'est pas encore confidentielle. En passant dans ses vers, les sentiments du poète se purifient, s'idéalisent et prennent un caractère de généralité, qui les "décante", si on peut ainsi parler. Le goût des confessions, "l'étalage du moi" viendra plus tard, et Lamartine n'y échappera pas (au moins en prose). Mais les Premières Méditations ne sont que des soupirs, des effusions, des impressions, vagues et vaporeuses, sans rien qui permette de délimiter le sentiment ou d'identifier les personnes ou les lieux (aucun nom propre dans Le Lac). Si Lamartine était mort en 1823, le monde n'aurait vraiment connu que sa voix.
b) Bien romantique encore l'idée que le poète est son seul maître. Mais tout en affirmant la suprématie de l'inspiration, Hugo travaillera beaucoup ses vers. Lamartine, au contraire, comme Musset, dédaigne le métier et affecte de ne jamais se corriger.
3) Langue, style et versification.
a) Langue d'une exquise simplicité dans son élégance. Lamartine est frère de Racine. Mots très simples, rien qui attire l'attention. On peut noter quelques vestiges de la langue poétique du XVIIIe siècle : hymen, airain pour cloche, haute demeure pour clocher (termes généraux). Dans sa pente est mis pour en suivant sa pente, par analogie à dans son lit.
b) Les vers sont fluides, harmonieux, une vraie musique pour l'oreille. Soulignons pour finir le coup d'archet des deux derniers vers, après une longue suite de sons doux et caressants.
mercredi 6 février 2013
les ébats des antis du débat
j'ai toujours pensé de la foi qu'elle devait demeurer du domaine de l'intime, tout au plus du privé. si certains, c'est concevable, ont besoin de la religion pour exprimer le lien social que cela représente à leurs yeux, il me semble extrêmement juste de contraindre ses manifestations en des places et des temps dévolus. pour ne pas paraitre extrêmement coercitif j'ajouterai que seule la liberté des consciences justifie cet encadrement rigoureux.
le fait est que chargé d'une histoire si lourde, combien de fois terrifiante, ou plutôt que l'édifier il rabaissa l'humain à ses plus basses passions et s'employa à le maintenir dans une dépendance mentale pathologiquement idiote et économiquement avilissante, le fait religieux est demeuré la plus pérenne des manifestations humaines. avec peut-être la guerre à laquelle il est d'ailleurs régulièrement lié. aux goupillons de toutes obédiences d'introduire les sabres pour ensuite en justifier la douleur. on serait en droit de se demander comment, chargé d'un passif si lourd, il est encore concevable d'en autoriser, sinon l'existence, du moins les exubérances et les inconséquences tant intellectuelles que morales.
la religion, je ne parle pas de sa nature mais de son fait, est synonyme de manipulation, il n'y a pas de hiérarchie dans ces aliénations sectaires que l'on voudrait faire passer pour volontaires; et au noble argument du don de soi on a trop vu se substituer l'acharnement à faucher les consciences pour en déposséder leurs propriétaires.
il n'est pas dans mes moyens de dénigrer l'irrationnel, je critique ces amphitryons qui s'en estiment maîtres. à des degrés divers chacun en connaît ses propres accès qu'il quantifiera selon son seul discernement.
l'actualité nous permet de constater la pathétique instrumentalisation des ersatz de la foi par des cagots bondieusards. sans craintes de comportements et de propos absolument grotesques, gourous et adeptes se livrent sous nos regards à un déferlement jubilatoire de toute cette haine qu'ils appellent, sans ruser d'avantage, amour. et "l'amour n'est qu'illusion" écrivait Rousseau.
mais franchement, la colère passée, je me réjouis de cette preuve par l'image, par les images, que se sont plu à afficher ces conformistes exaltés. d'abord leurs alliances contre-nature de monothéismes qui s'écharpent depuis des siècles et soudain fusionnels dans l'anathème et la haine de l'autre. ensuite cette course effrénée à qui sera le plus ringard, le plus obsolète. sorte de régurgitation sociale, l'intégrisme réactionnaire s'est paré de ses plus beaux atours pour nous convaincre de son incroyable survivance dans ce pays en 2013. en rétrogradant eux mêmes leurs rituels à des niveaux folkloriques, pour exciter la curiosité médiatique, ils en révèlent l'irréversible anachronisme.